Le signal d’un possible infléchissement des discours
A la rentrée 2008, une marque d’équipements sportifs affichait un slogan étonnant : "Pour la réintroduction de l’homme dans la nature". Un contre-pied humoristique qui, au-delà de l’anecdote publicitaire, révèle peut-être une inflexion du regard et du discours appliqués à l’environnement et à la nature.
Car depuis près de trois décennies, le consensus apparent réside très nettement dans la dénonciation des méfaits de l’activité humaine sur les grands équilibres de la biosphère. La protection de la biodiversité, la pédagogie sur les gestes écologiques à pratiquer et, globalement, le souci de réduire les nuisances se traduisent progressivement en injonctions. "Faisons vite, ça chauffe !" explique ainsi l’Ademe en matière d’économies d’énergies. L’homme, « maître et possesseur de la nature », est pointé comme l’un des responsables de la destruction de la planète, par un utilitarisme qui excède la simple satisfaction de ses besoins.
S’il n’est pas question de nier la réalité des dommages environnementaux régulièrement dénoncés ni, à l’inverse, d’attacher une importance excessive aux mouvements anti-humanistes des deep ecologists, il est opportun de s’interroger sur les coûts sociaux et les inégalités nouvelles que génèrent le discours public et les mesures environnementales, en France et au plan international.
L’homme, espèce protégée ?
Ici et là, des voix discordantes se font d’ailleurs entendre - plus ou moins polémiques et argumentées - dans le concert en faveur du développement durable et de l’écocitoyenneté : de Luc Ferry ("Le nouvel ordre écologiste") à Sylvie Brunel ("A qui profite le développement durable ?") en passant par Jean-Christophe Rufin ("Le parfum d’Adam") ou Laurent Larcher ("La face cachée de l’écologie : un antihumanisme contemporain ?"). Parmi leurs arguments : l’anti-humanisme de certains courants, l’utilisation complaisante du catastrophisme, la manipulation des données ou encore la stigmatisation des populations défavorisées.
D’autres, comme Georges Rossi, voient également dans ce souci environnemental un processus planétaire organisé de normalisation et de régulation à finalité géopolitique et économique. Enfin, notons que la crise financière et économique qui affecte le quotidien de nombreuses populations pourrait infléchir les comportements des citoyens et bousculer l’ordre des priorités en terme de politiques publiques. En clair, comment réintroduire de l’humain dans les discours environnementaux ?
Une séance introduite par Georges Rossi, géographe, Professeur des Universités (Unité mixte de recherche CNRS ADES, Bordeaux 3), auteur de plusieurs ouvrages dont "L’ingérence écologique. Environnement et développement rural du Nord au Sud" (éd. du Cnrs, 2001).
Et présentation, par les étudiants du Master "Risques, Science et Société" (IEP Toulouse), des réflexions qu’ils ont conduites pour cette séance de la Conversation.
Mardi 24 mars 2009, de 18h à 20h, salle du Conseil de l’IEP Toulouse (2 ter rue des Puits Creusés)
Participation sur inscription auprès de Lucie Gillot, Mission Agrobiosciences
- Accéder à la page personnelle de Georges Rossi, sur le site de l’Unité ADES (Aménagement, développement, environnement, santé et sociétés)
- Accéder au site de l’IEP Toulouse
- Accéder aux réflexions menées par les étudiants du Master Risques, Science et Société de l’IEP Toulouse.
Télécharger la restitution de cette séance "Faut-il réintroduire l’homme dans la nature
La Conversation de Midi-Pyrénées est une expérience pilote organisée par la Mission Agrobiosciences en partenariat avec l’Institut d’Etudes Politique de Toulouse dont l’objectif est de clarifier par l’échange de points de vue et d’expériences les situations de blocage Sciences-Société. Elle se déroule tous les deux mois dans la salle du conseil de Sciences Po Toulouse, 2 ter rue des Puits creusés. Pour en savoir plus
A l’issue de chaque séance, la Mission Agrobiosciences édite le contenu des échanges au travers d’une synthèse écrite « Les restitutions de la Conversation de Midi-Pyrénées ». Accéder à toutes les restitutions de la Conversation
Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences (publications originales accessibles gratuitement) :
- Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, note de lecture de l’ouvrage de HAns Jonas, par Jean-Claude Flamant, Mission Agrobiosciences. Cet ouvrage est considéré comme ayant modifié la vision de l’humanité sur son futur et sur la conception de sa place sur terre.
- deux notes de lecture originales sur les ouvrages du philosophe Luc Ferry : "Le nouvel ordre écologique - l’arbre, l’animal et l’homme" et "Vaincre les peurs. La philosophie comme amour de la sagesse", par Jean-Claude Flamant, Mission Agrobiosciences.
- Développement durable : une nouvelle manière d’acheter des indulgences ?, une interview de la géographe Sylvie Brunel par Jacques Rochefort dans le cadre "Ça ne mange pas de pain !" de janvier 2008 "Aïe, le retour des obscurantistes !"
- Le Paysage défiguré, figuré, reconfiguré... re-figuré ?, une chronique Le sens des mots, de Valérie Péan, Mission Agrobiosciences.
- Vous avez dit développement durable ?, chronique Le sens des mots, de Sylvie Berthier, Mission Agrobiosciences.
- Changement climatique : le débat se réchauffe, le consensus se fissure, chronique de Jean-Marie Guilloux, Mission Agrobiosciences.