10/04/2014
Economie et société. Vient de paraître. 10 avril 2014
Mots-clés: Pauvreté

Peut-on réduire les inégalités ?

Justice sociale... Le soir-même des municipales, à droite comme à gauche, chez les écolos comme les prolos, une expression était sur toutes les lèvres : justice sociale. Et qui dit justice sociale pense inégalités économiques en particulier.
La Mission Agrobiosciences qui creuse chaque mois davantage les questions de la pauvreté et de la précarité croissantes a demandé à l’économiste Jean Gadrey, membre du conseil scientifique d’Attac, auteur de Adieu à la croissance et de nombreux articles dans Alternatives Économiques, Le Monde et Politis, de répondre à la question : Peut-on réduire les inégalités ? Lire sa réponse (positive et engagée) ci-dessous.

Peut-on réduire les inégalités ?
Jean Gadrey, économiste, auteur de Adieu à la croissance (Editions les petits matins 2010), Membre du conseil scientifique d’Attac, auteur de nombreux articles dans Alternatives Économiques, Le Monde et Politis

Oui, très fortement, dans le monde et dans chaque pays, sans aucun dommage pour l’économie, et avec d’immenses bénéfices pour la santé et l’éducation publiques, pour les droits universels au bien vivre, et même… pour dégonfler les dettes publiques là où elles sont excessives. Il existe trois voies à emprunter simultanément.
La première est celle de la redistribution, via une fiscalité directe et indirecte juste (que Thomas Piketty nomme une « révolution fiscale ») donc progressive, accompagnée de prestations sociales capables d’éradiquer la pauvreté. Pour que plus personne en France ne vive en dessous du seuil de pauvreté actuel, il faudrait environ 1 % du produit intérieur brut, soit 20 milliards. Et si, dans le monde, on instaurait un impôt sur la fortune au taux de l’ISF français, on dégagerait quatre à cinq fois plus que ce que les Nations Unies jugeaient nécessaire pour leurs « objectifs du Millénaire », qui ne seront pas atteints.
Mais la redistribution ne peut pas tout lorsque les inégalités de revenus « primaires » (avant impôts et redistribution) explosent. Ces dernières doivent être limitées « à la source », en convenant notamment que les écarts de rémunérations dans les entreprises ne dépassent pas, par exemple, 1 à 20.
Enfin, il faut s’en prendre aux excès spéculatifs d’une finance dérégulée qui est à l’origine de la progression vertigineuse des très hauts revenus et patrimoines. Ce serait un facteur de stabilité économique, d’éradication de crises qui sont presque toutes spéculatives, et de très forte réduction des inégalités. Cela passe par une taxation des transactions financières, toutes les transactions, par l’interdiction de certains produits financiers à hauts risques, inventés au cours des vingt dernières années, et par le boycott des paradis fiscaux, qui font perdre chaque année 40 à 50 milliards d’euros aux recettes publiques. Des sommes dont une partie pourrait être dédiée à une lutte efficace contre toutes les exclusions.


Par Jean Gadrey, économiste

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