En revanche, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Irlande, la production se frotte les mains ; finies les pénalités récurrentes pour dépassement de quotas. Et d’entonner le credo du commissaire européen de l’agriculture, Phil Hogan, qui y voit une chance en termes de croissance et d’emploi ». En ligne de mire : produire plus pour pouvoir exporter pleins pots, notamment en Chine, sachant qu’actuellement, seuls 12 à 13% du lait produit en Europe part sur le marché mondial, le reste étant absorbé par le marché intérieur.
Même son de cloche ou presque du côté des entreprises de l’Hexagone, à quelques réserves près. Dans LSA, si le président de la Fédération de l’industrie laitière salue cette « opportunité », il tempère : « le potentiel de hausse supplémentaire apparaît maintenant relativement limité » en raison des contraintes environnementales et des augmentations déjà enregistrées ces deux dernières années, à hauteur de 5%. Notons d’ailleurs au passage que la production de lait nationale reste systématiquement en dessous des quotas fixés. Quant à la situation des éleveurs, elle est très diverse en France, note-t-il. Et de mentionner uniquement « les éleveurs les plus dynamiques et performants », lesquels bénéficieront alors « des économies d’échelle et de l’ouverture des marchés des pays émergents ». Quid des autres, moins « dynamique » et « performants » ? Silence. Sur ces derniers, on en sait toutefois un peu plus grâce à un sondage réalisé en ligne par Web-agri en janvier dernier auprès de 1014 éleveurs. On y apprend que si un tiers des producteurs qui ont répondu visent une augmentation de leur production dans les trois ans qui viennent, 37% d’entre eux pensent maintenir les mêmes volumes et 15% comptent arrêter purement et simplement la production.
Ici et là, on note par ailleurs que les filières se sont préparées à l’après-quota. Du coup, certains médias le soulignent, c’est « un non-événement ». En tout cas, « ce ne sera pas la révolution » (Centre presse Aveyron). A les croire, la libéralisation à tout crin n’est pas pour demain et les volumes devraient continuer à être plus ou moins maîtrisés. Le maître-mot : la contractualisation entre producteurs et industriels. A condition que les contrats soient durables et non pas remis en cause tous les six mois, et que la grille de prix soit cohérente.
Or en ce début d’année 2015, le prix du lait payé aux producteurs connait une forte chute, de près de 50 €/1000 litres par rapport à l’an passé.
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences. 31 mars 2015.