04/11/2013
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 4 novembre 2013
Mots-clés: Elevage , Industrialisation

Derrière la crise de l’agroalimentaire breton, une filière viande sur la corde raide (article revue de presse)

Si la crise de l’agroalimentaire breton est venue rappeler l’importance de ce secteur dans l’économie bretonne et hexagonale, elle jette, si besoin était, un nouveau coup de projecteur sur la situation dramatique de l’élevage. Accroissement des coûts de production, chute des prix d’achat, multiplication des mises aux normes (environnementales, sanitaires, liées au de bien-être des animaux), concurrences intra et extra-communautaires, sans oublier le malaise des éleveurs.
L’élevage recule en France. Avec lui, c’est toute une filière qui vacille. La Mission Agrobiosciences opère un nouveau point sur la situation de ce secteur.

Elevage en berne
Il y a d’abord ce chiffre qui fait froid dans le dos : un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. C’est le triste constat révélé par l’enquête de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) et de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA). « Les agriculteurs exploitants hommes sont particulièrement concernés, avec un excès significatif de suicides à partir de 2008 par rapport à la population générale du même âge » peut-on lire dans le Quotidien du Médecin. « L’excès est notamment marqué chez les hommes entre 45 et 64 ans et plus particulièrement dans les filières d’élevage bovins-lait et bovins-viande ».
C’est là un fait malheureusement trop connu : la filière bovine, comme ses voisines porcines et avicoles connaissent de graves difficultés financières. Souvenons-nous par exemple de la manif’ des professionnels à Paris en juin dernier ou encore de la grève du lait.
Pas étonnant, dès lors, que le secteur accuse le coup… et entraîne avec lui la filière.

Agroalimentaire à la traîne
« Agroalimentaire : le déficit commercial de la viande s’aggrave » titre Ouest France. S’appuyant sur une étude d’Agreste, le "service statistique" du ministère de l’Agriculture, le quotidien fait état de la « détérioration » de la balance commerciale du secteur. Entre la baisse de la production, le repli des exportations, la progression des importations, « le déficit commercial s’est creusé de 20% au 2ème trimestre 2013 sur un an ».
Avec, à la clé, des pertes d’emplois. Sur les 5000 emplois menacés en 2013 dans la filière agroalimentaire, 40% se situent dans le secteur de la viande, estime dans les pages du Figaro, l’Ania, l’Association nationale des Industries alimentaires.

Abattoirs à la peine
« Quand nous perdons nos élevages, nous perdons aussi nos emplois industriels » martèle Philippe Dumas, du groupe coopératif Sicarev à 20 minutes. Alors que le sort des employés de Gad était encore incertain, le quotidien consacrait un article à la multiplication des fermetures des abattoirs. Une tendance lourde depuis une dizaine d’années qui revêt des allures de « crise durable » [1]. Parmi les raisons avancées pour expliquer celle-ci outre le recul de l’élevage, les lourdeurs administratives, les règles sanitaires très strictes [2], et la concurrence des pays à bas salaire. Premier pays visé, l’Allemagne accusé de faire du « dumping social ».

Querelle de voisinage
Outre-Rhin, on rémunère bien peu les employés des abattoirs. A peine 4€ de l’heure contre 10€ en France si l’on en croit 20 minutes. La Croix examine en détails ce modèle qui suscite la polémique. « 50 à 90% de la main-d’œuvre des abattoirs vient de l’Est de l’Europe – Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie. La filière use, voire abuse des possibilités offertes par la directive européenne de 1996 sur les travailleurs détachés, qui permet à un prestataire de service d’envoyer ses salariés dans un autre pays de l’Union européenne de façon temporaire ». Le journal explique que le salarié est censé percevoir le salaire minimum en vigueur dans le pays où se déroule sa mission. « Mais l’Allemagne en est dépourvu ».
On devine malheureusement la suite : ouvriers sous-payés, conditions de travail déplorables et des voisins européens qui crient « à la concurrence déloyale ». Principale branche concernée, la filière porcine.
Face à la gronde, « le 10 septembre, les principaux acteurs de l’industrie de la viande en Allemagne se sont mis d’accord pour introduire un salaire minimum obligatoire de branche et encadrer les contrats de sous-traitance dans leur profession » révèle le magazine Alternatives économiques. En jeu : l’obtention d’un salaire minimum horaire de 8,50€.

A bout de souffle
« Le modèle breton, basé sur les volumes, est à bout de souffle ». Dans son édition du 31 octobre, Le Monde dresse le portrait de ce modèle qui a misé sur l’élevage « à l’échelle industrielle ». Un virage amorcé dans les années 60 et qui trouve aujourd’hui ses limites. Ouverture des marchés européens, concurrence étrangère (Brésil) et intra-communautaire (Allemagne), suppression des aides à l’exportation, forte dépendance aux marchés mondiaux – très volatils - pour nourrir les animaux… Laurence Girard passe au crible les raisons de la crise actuelle. Pour la journaliste, il ne sera pas aisé d’en sortir. « Les rivalités entre entreprises, les querelles de clochers, les intérêts de chacun, les influences politiques ne facilitent pas la mise en place d’un projet ou d’une coopération régionale ». La révolte des bonnets rouges va-t-elle changer la donne ? L’avenir le dira.

Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 4 novembre 2013.

Sources


Le quotidien du médecin, Ouest France, Le Figaro, 20 minutes, La Croix, Alternatives Economiques, Le Monde.

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[1Selon les termes de Dominique Langlois, Président de l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev)

[2L’article explique par exemple que les tests de dépistage de l’ESB sont toujours obligatoires en France, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays européens

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