Lancement du « think tank » …
Mais que représente réellement un think tank ? Car ce terme a été beaucoup utilisé durant cette après-midi, sans pour autant préciser sa réelle définition … Think tank signifie littéralement « réservoir de pensées ». À l’origine, c’est un vocable militaire qui désignait le bunker où l’état-major constituait ces plans. Aujourd’hui, ce terme désigne une organisation permanente ayant pour vocation de produire collectivement des solutions de politiques publiques, par l’investissement citoyen, avec une fonction de pensée, d’inspiration, de contradictions constructives et d’influence pour agir. Cette première conférence permanente de l’agriculture souhaite être motrice de l’engagement de l’ensemble du secteur agricole régional, dans une optique de co-construction. Pour l’ouverture de cette dernière, deux experts ont mis en perspective l’avenir de l’agriculture française et régionale aux regards des enjeux européens et mondiaux, mais également du changement climatique et des attentes de la société. Jean-Marie Guilloux, directeur de la Mission Agrobiosciences, a explicité les attentes sociétales contemporaines, avec une attention portée sur les représentations passéistes surplombantes ou bien les pressions relatives aux normes, subies par la profession : « il faut bousculer l’imagerie « paysanne » du béret vissé sur la tête, afin que les agriculteurs aient à nouveau le droit de rentrer dans la modernité, l’agroécologie étant un exemple de nouvel espace d’innovations, répondant à la fois aux demandes sociales, à la nécessité d’agir entre co-acteurs et à la nécessité d’une nouvelle contemporanéité de l’agriculture ». Bertrand Hervieu, vice-président du CGAAER [1], a pris la parole autour de sujet tels que la coexistence de différentes formes d’agriculture ou bien le phénomène de mondialisation, avec des notions de financiarisation de l’économie et de précarisation du travail. Vient ensuite l’ouverture des tables rondes autour de deux thèmes forts en lien avec l’agriculture : l’innovation technologique et les attentes sociétales.
« L’innovation n’est pas que technologique »
L’innovation technologique au cœur de l’agriculture, voilà un thème sujet à controverses. Mais la polémique n’a pas pris, les intervenants ont préféré définir et préciser le terme « innovation » pour éviter que le stéréotype du robot dans les champs n’émerge. En effet le premier intervenant, Luc Servant, vice-président de la chambre régionale d’agriculture, a souhaité avant d’entamer le débat affirmer que l’innovation n’était pas forcément technologique. Ce qu’a confirmé Sébastien Labails, ingénieur innovation pour la coopérative « Vignerons de Buzet », en précisant que pour lui, elle est un outil au service du développement durable car elle doit être pensée autour de ses trois piliers ; environnemental, économique et social. Vincent Costes, directeur général du pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation, a conclu sur le même ton : « l’innovation est un croisement d’idées, qui nécessite un approvisionnement de multiples sources […] ce qui compte c’est le processus d’obtention du résultat ». Un échange nécessaire pour ouvrir cette première conférence et donner le cap à l’innovation. Car face aux innovations technologiques les attentes (et ces peurs) sociétales sont le plus souvent, récalcitrantes, hésitantes, réservées … partagées entre désir de changement et solutions de replis passéistes. Ce qui a de quoi laisser perplexe tout innovateur y compris en écologie. Mais que sont réellement ces attentes sociétales ? Afin de décliner ces attentes, Roland Cayrol a présenté le premier baromètre régional d’opinion sur l’agriculture, lancé par la région ALPC et la chambre régionale d’agriculture, et conduit par l’institut Harris Interactive. Cette enquête, reconduite sur les trois prochaines années, doit permettre d’éclairer la représentation du métier d’agriculteur par la société et les agriculteurs eux-mêmes, afin d’aider au rétablissement d’une meilleure communication entre chaque acteur. Selon ce baromètre, l’attente sociétale relative correspondrait à une agriculture moderne efficace, respectueuse de l’environnement et attentive à notre santé.
En conclusion, c’est peut-être ça le vrai caractère innovant de cette journée : prendre en compte les attentes sociétales là où elles accélèrent une vision futuriste de l’agriculture …
Article par Romain Marcuz, stagiaire à la Mission Agrobiosciences. (30.05.2016)
Merci au média AQUI pour la photo !
- "Nous sommes passés du droit d’être moderne au devoir de l’être", par Bertrand Hervieu, sociologue, vice-président du CGAAER.
- "Quels mondes construisent les normes ?", publication de la Mission Agrobiosciences.
- "La communication grand public de l’agriculture : les experts au château", chronique de Jean-Claude Flamant.
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