20/06/2014
Monde Rural et Société
Mots-clés: Pauvreté , Politiques

Pauvreté : le gouvernement étale ses cartes

Du nouveau au gouvernement : ce mardi 17 juin 2014, Najat Vallaud-Belkacem a présenté la nouvelle carte de la pauvreté en France métropolitaine. De nouvelles communes sont désignées quand d’autres s’effacent. Les communes rurales font leur apparition dans cette nouvelle carte qui interroge non seulement l’égalité entre les territoires mais aussi cette question du lien social qui dépérit dans ces quartiers à faible taux de rémunération. Le point dans cette revue de presse de la Mission Agrobiosciences, écrite par Maxime Crouchez-Pillot, stagiaire à la Mission Agrobiosciences.

Pauvreté : le Gouvernement étale ses cartes

Du nouveau au Gouvernement : ce mardi 17 juin 2014, Najat Vallaud-Belkacem a présenté la nouvelle carte de la pauvreté en France métropolitaine. De nouvelles communes sont désignées quand d’autres s’effacent. Les communes rurales font leur apparition dans cette nouvelle carte qui interroge non seulement l’égalité entre les territoires mais aussi cette question du lien social qui dépérit dans ces quartiers à faible taux de rémunération. Le point dans cette revue de presse de la Mission Agrobiosciences, écrite par Maxime Crouchez-Pillot, stagiaire à la Mission Agrobiosciences.

La nouvelle carte de la pauvreté
La ministre du droit des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports a présenté, dans un communiqué, les ambitions de cette nouvelle carte, révélant «  la réalité de la pauvreté en France, loin d’être cantonnée aux territoires périphériques des grandes villes ». En effet, s’appuyant sur une méthode neuve pour déterminer les zones dites « pauvres », de nouveaux quartiers apparaissent dans des villes jusque là ignorées. Le Huffington Post, entre autres, informe que 1300 quartiers parmi 700 communes ont été désignés par ce nouveau référencement, « ont été retenues les zones où plus de la moitié de la population vit avec moins de 11.250 euros par an, soit 60 % du revenu médian national. Nettement moins de bénéficiaires que dans la précédente qui comptait 2500 quartiers concentrés dans 900 communes. La ministre voulant recentrer ses dépenses sur les communes les plus en difficulté, « la nouvelle carte des territoires intègre moins de communes mais permet des aides plus ciblées aux quartiers concernés. Elle vise à remplacer le mille-feuille des zonages précédents (ZUS, ZRU, FFU …) qui est devenu illisible » (le Figaro.fr). Plus de clarté pour plus d’efficacité.
Les subventions atteignent 300 millions d’euros qui seront à distribuer entre ces 1300 quartiers défavorisés. Une enveloppe bien légère selon France 24, qui relativise « car si les fonds du ministère de la Ville ne représentent pas des sommes importantes, figurer sur la [carte] permet [aussi] de postuler au programme de rénovation urbaine, doté de très gros moyens ». Et 200 communes seront intégrées à ce programme qui pèse plusieurs milliards d’euros. Les grands travaux sont en marche !

La pauvreté rurale mise en avant
Même si la carte se redessine, les régions les plus pauvres restent le Pas-de-Calais avec 49 communes recensées, le Nord avec 46 et l’Ile-de-France avec plus de 150. Cependant, les commentaires s’accordent sur le phénomène des « nouveaux venus », à l’image du Point.fr qui parle « d’une centaine de communes [qui] font leur apparition sur cette nouvelle carte de la pauvreté, certaines en pleine zone rurale comme Dax (Landes), Foix ou Pamiers (Ariège), Guéret (Creuse), Marmande ou Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) » : les communes rurales sont désormais autant touchées par la pauvreté que les zones urbaines ou péri-urbaines. Dans une interview pour l’Express Hervé Bras, auteur avec Emmanuel Todd de l’essai Le Mystère français, donne son point de vue sur ce phénomène : « Il y a une désocialisation de ces petites villes […]. Les commerces sont remplacés par des grandes surfaces, [elles] deviennent des cités-dortoirs ». Comme il explique, « le problème est qu’il n’y a plus rien sur place. Ces villes, ces espaces ruraux, ne sont plus attractifs ». Les territoires sont en manque d’inspiration pour attirer de nouveaux acteurs.
La carte tombe à pic alors que se préparent les Controverses Européennes de Marciac, qui se tiennent du 30 juillet au 1er août sur le thème : « Pour des territoires vivants... Faut que ça déménage ! ». Les conférences et les débats publics de ces Controverses seront d’autant plus d’actualité et elles chercheront à dessiner des pistes pour lutter contre les inégalités entre les nombreux territoires français.

Le lien social en question
Dans le Nouvel Observateur, Amadou Kane, homme politique sénégalais et spécialiste jeunesse et développement durable réagit et donne son avis sur les efforts à mener afin de redresser ces territoires en difficulté. Selon lui, les professionnels sont la clé de voûte de ce nouvel élan attractif : « le professionnel crée et organise les fondements de la démocratie participative. La participation des habitants n’est pas un vain mot, mais plutôt le socle ». Ce sont eux qui détiennent le pouvoir de créer du lien entre les habitants des quartiers en difficulté. Car c’est bel et bien la question du lien social qui est en jeu ici : la pauvreté pousse aux clivages, dans les quartiers urbains défavorisés, mais aussi dans les milieux ruraux. Ces clivages doivent être endigués pour que renaisse une cohésion sociale autour de ces quartiers en grandes difficultés. A. Kane met le doigt sur le rôle des associations dans cette affaire ; de sont point de vue, elles tiennent un rôle majeur dans la redynamisation de ces territoires aujourd’hui au point mort. « En ces périodes, où la cellule familiale s’étiole (augmentation considérable du nombre de familles monoparentales, détérioration de la fonction parentale….) et où l’école cherche à nouer du partenariat dans son environnement immédiat, l’association doit plus que jamais jouer sa partition dans le cadre d’une continuité éducative ». Il faut « promouvoir le renforcement de la cohésion sociale et le développement des solidarités dans les quartiers populaires », en repensant les statuts des bénévoles et en « redonnant du sens à la démocratie participative en accompagnant, en éduquant et en faisant participer les publics les moins instruits aux débats [publics] ».

Les jeunes en exode sociale

Dans de telles situations de pauvreté, le cas des jeunes est préoccupant. Que ce soit dans les cages d’escaliers des immeubles ou sous des abris-bus dans les milieux ruraux, les jeunes touchés par la pauvreté dépérissent et souffrent d’une exclusion sociale. On connait davantage le cas des jeunes des quartiers défavorisés dans les grandes villes [1], on a moins conscience du cas des jeunes ruraux, mais « être jeune et habiter en milieu rural rime souvent avec solitude et frustration quant à l’accès aux loisirs, aux structures d’accompagnement [et] à la mobilité ». L’éloignement et l’absence d’activités dans leur territoire coincent ces jeunes dans un cadre souvent malsain (échecs scolaires, chômage, toxicomanies). D’après A. Kane, il faut repenser la politique allouée aux jeunes, elle doit être un long « processus, plutôt qu’un empilement de dispositifs mobilisant un ensemble d’acteurs faisant preuve de persévérance, d’engagement, d’innovation au service d’un public parfois rebelle, difficile à cerner et qui pourtant sera forcément aux commandes demain ».

On attend pour ce week-end la carte de la pauvreté dans les Départements et les Territoires d’Outre-Mer, territoires également fortement touchés par le fléau de la pauvreté et où la question de l’insertion des jeunes au sein de la collectivité est aussi un problème majeur. Comment va réagir le Gouvernement face à cette fracture évidente du lien social dans ces territoires frappés par l’immobilisme ? Une question à suivre de près... à Marciac...

Revue de presse du 19 juin 2014, écrite par Maxime Crouchez-Pillot, stagiaire à la Mission Agrobiosciences.


Sources :

  • Le Figaro, paru le 17 juin 2014, écrit par Edouard de Mareschal.
  • L’Express, paru le 17 juin 2014, écrit par Antoine Izamba rd.
Le Nouvel Observateur, Le Figaro, France 24, Le Point, L’Express, Huffington Post

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[1« Quelques faits divers relayés par la presse – notamment des agressions, incivilités et émeutes – ont abouti à leur stigmatisation » et qui ont participé à leur mise à l’écart de la société.


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