21/07/2015
Contribution aux Controverses européennes de Marciac 2015 (21 juillet)
Mots-clés: Modèles

Coexistence : les modèles créent les conflits, les résultats rassemblent.

G. Rass. © V. Brill pour la MAA

Si certains affirment que tout le monde s’accorde à défendre la nécessaire diversité des modèles de production, Gérad Rass répond non, car les conflits montrent que justement « tout le monde » se déchire sur ces modèles ! Pour la simple raison que les parties prenantes ont des intérêts divergents.
A vouloir contenter « tout le monde », pour désamorcer ou tenter de résoudre les conflits, pour au moins réunir une majorité faute de consensus, les décideurs vont au plus facile et prêchent la « coexistence ».
D’où cet appel du secrétaire général de l’APAD : mettre en place des instances de concertation locales avec les responsables des territoires. Il ne tient qu’aux élus locaux de se rapprocher des agriculteurs mobilisés !
Lire ci-dessous la contribution aux Controverses européennes de Marciac consacrées à la coexistence (28 et 29 juillet 2015) et accéder à l’ensemble des autres contributions écrites et filmées.

Coexistence : les modèles créent les conflits, les résultats rassemblent.

Questionnons l’affirmation « Tout le monde s’accorde à défendre la nécessaire diversité des modèles de production… » : les conflits montrent que justement « tout le monde » se déchire sur ces modèles.
Parce que les parties prenantes ont des intérêts divergents. Les décideurs, de leur côté, cherchent (légitimement) à contenter « tout le monde », pour désamorcer ou tenter de résoudre les conflits, pour au moins réunir une majorité, faute de consensus. Le plus facile est alors de prêcher la « coexistence ».
Mais ce non choix légitime tout et son contraire : « toutes les agricultures », bio et avec pesticides, ou comme pour « labour ou non labour », à « adapter au cas par cas ».
Mais alors comment désamorcer un conflit non explicite, sur la base de non-dits ?
Et comment avancer, faire évoluer vers un « mieux », si du moins on n’est pas satisfait du statu quo ?
Justement, si on en parle, c’est bien parce que « tout le monde » est mécontent de la situation.
D’un côté, « tout le monde » veut de l’environnement, sans préciser trop les paramètres, pas de pesticides, pas de nitrates, pas d’irrigation, de jolis paysages, baptisés « biodiversité »…
De l’autre, les « producteurs » font faillite, coincés entre des prix d’achat d’intrants, de matériel, des charges de moins en moins maîtrisables à titre individuel et des prix de vente de plus en plus fluctuants.

Et si les agriculteurs développaient des systèmes satisfaisant, non pas un seul de ces besoins (comme le « sans pesticides" »), mais tous ensemble, sans les opposer les uns aux autres, mais en synergie ?
Une économie circulaire utilisant le moins d’intrants et produisant le moins de déchets possible, sur base du recyclage de l’azote et du carbone, d’une biomasse abondante et permanente, d’accumulation de matière organique dans des sols intensément vivants ?
Meilleure gestion de l’eau, non polluée, biodiversité améliorée, effet modérateur sur le climat par transformation des fermes en autant de puits de carbone, le tout en régularisant les revenus des agriculteurs, cela intéresse autant les agriculteurs que les territoires ?
L’étude européenne SoCo en 2009 en avait tracé les contours pour l’Agriculture de Conservation des Sols, puis le projet agro-écologie de notre ministre.
Les agriculteurs le font, quand ils sont libres et sont formés à le faire, puisqu’ils y gagnent à la fois en revenus, mais aussi en légitimité, en statut et en reconnaissance.
Ceux qui se sont lancés se mobilisent en petits collectifs de plus en plus nombreux et de plus en plus actifs. Nous accompagnons ceux qui le souhaitent, huit à ce jour en France, et en croissance, grâce au dispositif GIEE, et il y en a en Midi-Pyrénées.
Pour accélérer le déploiement à grande échelle du projet agro-écologique pour la France, toutes les parties prenantes, agriculteurs, élus, décideurs, gestionnaires des territoires devraient :

  • s’accorder non pas sur le modèle, bio ou conventionnel, mais sur les résultats à obtenir sur un ensemble de paramètres : biodiversité, eau, climat, profitabilité ;
  • mettre en place les conditions de la libre mobilisation des agriculteurs, hors système normatif, cahier des charges, expertises, aides directes, hors incitations ou punitions…
    Cela peut se faire rapidement, pour cela nous manquons juste d’instances de concertation locales avec les responsables des territoires. Il ne tient qu’aux élus locaux de se rapprocher des agriculteurs mobilisés.

Contribution de Gérard Rass, secrétaire général de l’APAD (Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable)
www.apad.asso.fr

  • Retrouvez les contributions filmées sur AgrobiosciencesTV
    Sur le thème « Nouveaux résidents et agriculteurs : la grande brouille ?
  • "On évite de travailler le week-end", par Roger Beziat. Cet agriculteur met en évidence la nécessité du dialogue et du partage pour redéfinir un espace commun, au sein duquel chacun trouve son compte.
  • Une coexistence de tranchée, par Michèle Gascoin, agricultrice et ancien maire de Cobonne (Drôme).
  • Sur le thème : Afrique, Le modèle paysan survivra-t-il à l’agribusiness ?Jean-Christophe DEBAR, Farm.

Et les contributions écrites :

Retrouvez le programme actualisé des Controverses européennes de Marciac

Télécharger le programme détaillé et le bulletin d’inscription (document interactif) des 21èmes Controverses européennes de Marciac

Gérard Rass, secrétaire général de l’APAD (Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable)

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