22/09/2014
Innovation sociale : Revue de presse du 22 septembre 2014

Les mutuelles communales : des territoires aux petits soins

9 à 32% des Français, selon les soins, reportent de plusieurs mois ou renoncent aux soins faute de moyen.
Petit rappel : sans mutuelle, difficile d’être bien soigné voire impossible d’accéder aux soins dentaires, ophtalmologiques, etc. Complément nécessaire de l’assurance maladie, les Français souscrivent massivement à ces organismes, si tant est qu’ils en aient les moyens. C’est là que le bât blesse : leur coût prohibitif pousse 3 à 4 millions de Français, selon Terra Eco, à s’en passer. Si bien que ceux qui ne peuvent accéder à la CMU renoncent à se soigner, rapporte le Parisien.
 Ce faisant, les patients ne font qu’aggraver leur état de santé, reportant dans le temps un acte médical dont le coût ne cessera de croître avec l’attente.
C’est donc un cercle vicieux qui ne fait ni le jeu de l’Assurance Maladie ni celle de ses administrés. Depuis des décennies, cette réalité bien palpable, émeut, scandalise sans pour autant que des solutions concrètes ne se dessinent.
Du coup, des territoires bravent l’attentisme et le fatalisme pour proposer des mutuelles réservés à leurs administrés. Cela n’est pas sans nous rappeler les 20èmes Controverses de Marciac, alors forcément, ça déménage...
Le point dans cette revue de presse réalisée par Victor Zylberberg pour la Mission Agrobiosciences.

Caumont faire ?

L’étincelle, de génie ou de bon sens, est venue d’une petite commune de 4 600 habitants dans le Vaucluse, Caumont-Sur-Durance, ou plutôt d’une personne : Véronique Debue, adjointe au maire. L’idée : créer une mutuelle dédiée aux administrés de la commune.
L’alerte avait été lancée en 2011, précise Terra Eco : « Les demandes d’aide liées à la santé adressées au CCAS ont fortement augmenté ». 
Cette adjointe aux affaires sociales est partie du constat que « la complémentaire santé était un souci pour beaucoup (...) les remboursements étaient insuffisants, tandis que pour d’autres les contrats de mutuelles étaient inaccessibles », confie-t-elle au Nouvel Observateur. Indignée, elle voulait « retrouver les valeurs et les solidarités d’après-guerre ». 

Durant plus d’un an les services de la mairie ont « recensé les besoins de la population en matière de complémentaire santé ». « Avec l’aide d’un comité de pilotage composé de personnes du corps médical, de cadre à la retraite, d’un étudiant en commerce, etc. », ils ont étudié quel serait le contrat le plus adapté (Nouvel Observateur).
Résultat, un contrat commun a été trouvé pour 47 euros par mois avec « de belles garanties » selon Véronique Debue. « Un prix mensuel largement plus bas que ce qu’aurait obtenu individuellement » les Caumontois, rapporte le Figaro.
293 foyers, soit 700 personnes, y ont adhéré. Pour l’instant, car d’après celle que l’on nomme la Fée du village, « d’autres encore attendent la date d’anniversaire de leur contrat pour résilier et venir chez nous » (Le Parisien).
Concrètement, cela représente pour certains une économie de plus de 1200€ par an, et ce pour des prestations égales voire supérieure à une mutuelle classique !

La stratégie du virus

Les souscriptions des Caumontois sont nombreuses, mais est ce que cela marche réellement ? C’est à croire, en témoigne la conclusion du délégué général de la Mutualité Française à l’égard de cette initiative : « c’est largement positif » (Figaro).

Au point que Caumont-sur-Durance a fait des petits dans plus d’une douzaine de villes de France selon le Figaro. Le maire d’Etel, 2 217 habitants, dans le Morbihan, est allé jusqu’à faire de la complémentaire santé une promesse de campagne, c’est dire si la demande sociale est vive.
L’expérience attire et devrait se développer, d’autant que les entrepreneurs « savent qu’en janvier 2016 au plus tard, la loi les obligera à offrir une couverture santé à leurs employés, ils se renseignent pour savoir s’ils ne peuvent pas intégrer le dispositif » (Terra Eco).
Les émules dépassent mêmes les petites communes. Après avoir été sollicitées par plus de 300 communes, relate le Nouvel Observateur, les mairies de Bordeaux et de Paris ont contacté Véronique Debue. Affaire à suivre...

Gare à la fièvre

Les témoignages de remerciements ne manquent pas à l’égard de l’adjointe de Caumont-sur-Durance. Il faut dire qu’elle s’est profondément investie dans cette initiative. Sa crainte aujourd’hui est de voir son modèle transposé à la hâte : « On ne peut pas s’y prendre quatre mois à l’avance ! » résume-t-elle dans Terra Eco. 
L’attente et la demande sont telles que cette crainte parait des plus justifiée. Pour y faire face l’adjointe souhaitait créer une fondation, mais faute de fonds suffisant cette idée était restée en sommeil. Puis, des élus charmés par cette mutuelle de proximité lui ont proposé de monter un cabinet de conseil pour s’assurer que son dispositif s’adapte aux situations locales. Sa reconversion est en cours, il en va pour elle de sa responsabilité : « Quand on donne autant d’espoir aux gens, il faut venir à eux avec une réelle réponse » (Terra Eco).

En conclusion des 20èmes Controverses Européennes de Marciac, le géographe, Jacques Levy nous rappelait, en sa qualité de grand témoin, que tous les lieux peuvent réussir et se libérer de la fatalité. Plusieurs conditions sont cependant nécessaire : « des acteurs d’une idée, déterminés, capables de discuter avec autrui, de les convaincre et d’être capables de discuter avec la société ». Madame Debue, vous auriez eu toute votre place à Marciac. Une prochaine fois peut être ?

Une revue de presse du 22 septembre 2014 par Victor Zylberberg


Le Nouvel Obs du 12 septembre 2014 par Véronique Debue

Terra Eco du 12 septembre 2014 par Alexandra Bogaert

Le Figaro du 9 septembre 2014 par Mathilde Golla

Le Parisien du 8 septembre 2014 par Daniel Rosenweg

Terra Eco, Le Nouvel Observateur, Le Parisien, Le Figaro

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