Au sommaire de ce numéro :
- La PAC et ses mécanismes actuels et futurs de régulation des marchés agricoles, par Vincent Chatellier.
Une réflexion synthétique et prospective sur les mécanismes européens de régulation des marchés agricoles, qui s’inscrit dans la perspective des débats engagés sur l’avenir de la Politique agricole commune (PAC) pour l’après 2013. Dans une première partie, l’article rappelle que les mécanismes de régulation utilisés au sein de la PAC ont été profondément modifiés au fil des réformes successives, d’une part, pour laisser une plus grande part aux marchés dans l’orientation de la production et, d’autre part, pour les rendre plus compatibles avec les règles multilatérales arrêtées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il précise ensuite les principales raisons qui justifient l’existence d’une intervention publique ambitieuse dans ce secteur économique si singulier. Dans une seconde partie, cet article dresse un bilan et propose quelques pistes d’avenir pour les principaux mécanismes de régulation qui fondent la PAC, à savoir les droits de douane, les soutiens aux exportations, le régime d’intervention, les outils de gestion des risques, les instruments de contrôle de l’offre et les aides directes allouées aux agriculteurs.
- Ukraine : une approche comparée des dynamiques et performances économiques des structures agricoles par Clément Jaubertie, Lénaïc Pardon, Hubert Cochet et Robert Levesque.
L’agriculture ukrainienne est caractérisée par une très grande hétérogénéité des structures de production et un caractère dual prononcé : d’un côté, les très vastes exploitations de plusieurs milliers d’hectares en grandes cultures qui prennent en location un grand nombre de parcelles (de petite dimension mais réunies en blocs de grande taille) auprès des bénéficiaires de la réforme agraire des années quatre-vingt-dix et, de l’autre, des exploitations familiales de beaucoup plus petite taille parmi lesquelles figurent notamment, à côté d’un petit nombre d’exploitations de quelques dizaines ou centaines d’hectares, une multitude de micro-exploitations (entre 4 et 5 millions à l’échelle du pays) réduites à l’exploitation d’un lopin de moins d’un hectare. Bien que ce dernier secteur ne soit pas considéré par les pouvoirs publics, au-delà de son rôle d’amortisseur social en temps de crise, comme capable de se poser en véritable secteur économique à part entière, il fournirait aujourd’hui une part importante de la production nationale (notamment lait, viande porcine, volaille, pommes de terre et maraîchage). A partir d’une étude détaillée des différents systèmes de production en présence dans deux régions contrastées du pays, cet article se propose de comparer leurs résultats technico-économiques et de réfléchir aux perspectives d’avenir de cette agriculture duale. Il montre notamment comment une politique foncière repensée pourrait faire de cette « petite » agriculture un secteur économique des plus dynamiques.
- Terres cultivables et terres cultivées : apports de l’analyse croisée de trois bases de données à l’échelle mondiale par Laurence ROUDART.
Cet article analyse trois bases de données relatives à l’étendue des terres à usage agricole, que cet usage soit effectif ou potentiel, dans le monde et dans les grandes régions : il s’agit des bases FAOSTAT, de l’étude GAEZ et du SAGE. Malgré leurs différences et leurs incertitudes inévitables, ces bases indiquent que les superficies de terres utilisables en culture pluviale (sans besoin d’irriguer) et non encore cultivées sont très étendues à l’échelle du monde, de plusieurs grandes régions et de nombreux pays, en particulier en Amérique du Sud et en Afrique sub-saharienne. En revanche, cette ressource apparaît rare, voire épuisée, au Moyen-Orient et en Asie. Le développement de l’irrigation permettrait d’étendre les superficies cultivables en céréales dans plusieurs régions où cette ressource est rare, notamment en Asie centrale et au Moyen-Orient. Le réchauffement climatique entraînerait probablement un accroissement, modeste, des superficies cultivables du monde, mais une diminution dans les pays en développement, notamment en Asie du Sud et du Sud-Est où cette ressource est déjà rare. A l’échelle du monde, les superficies des terres utilisables en culture pluviale sont largement supérieures aux superficies nécessaires pour assurer tout à la fois des conditions de sécurité alimentaire satisfaisantes pour l’ensemble de l’humanité et un certain développement des cultures pour les agrocarburants. Cette conclusion reste vraie même en se plaçant dans l’hypothèse d’une très faible croissance des rendements des cultures, selon un scénario de révolution doublement verte durable, et même en excluant de la mise en culture toutes les forêts et toutes les zones actuellement protégées. La valorisation durable des ces ressources en terres cultivables requiert des politiques publiques appropriées de prix agricoles, d’accès à la terre et de recherche-développement orientées vers les besoins et les possibilités des producteurs pauvres.
- En quoi la crise agricole renouvelle-t-elle les débats des politiques agricoles ?Avec Frédéric Courleux, Jean-Marc Boussard,
Jean-Christophe Bureau et Stéphane Le Moing .
La crise alimentaire de 2007/2008 a replacé les questions agricoles sous les feux de
l’actualité. Nombre d’explications furent alors invoquées et continuent d’être débattues pour
expliquer les raisons de cette soudaine flambée : incidents climatiques, impacts de la financiarisation des marchés agricoles, ou encore augmentation de la demande alimentaire et
non-alimentaire. Avec deux années de recul1, alors que la situation agricole et alimentaire
mondiale constitue toujours un sujet de vive inquiétude, il nous a semblé utile de convier
trois experts – deux économistes et un haut fonctionnaire – pour faire le point sur les déterminants de cette crise et, plus largement, faire un tour d’horizon du renouvellement des
débats et des divergences persistantes sur les sujets de fond touchant aux instabilités des marchés agricoles et aux remèdes à y apporter.
Commander le dernier numéro de Notes et Etudes socio-économiques (n°34-décembre 2010)
Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences :
- Les coréens disent non au boeuf américain : Crainte sanitaire ou refus du libre échange ? Avec le point de vue de Vincent Chatellier Revue de presse de l’actualité commentée de la Mission Agrobiosciences, 11 Juin 2008
- A qui profite la mondialisation des productions animales ? Table ronde, Le Caire,2 Septembre 2002
- Crise économique et sécurité alimentaire : Les politiques agricoles ont-elles encore un avenir ?(Publication originale) Dans le cadre des controverses de Marciac, Février 2010
- Terres cultivées, terres cultivables : Quelles disponibilités foncières à l’échelle mondiale ? Centre d’études et de prospective
- Agriculture, Quand l’Ethiopie ne touche plus terre Article Revue de presse
- Agrocarburants : L’Union Européenne prend la tangente pendant que le prince Charles montre l’exemple Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 8 Juillet 2008