Gaspillage : trop de beurre dans les épinards !
Une revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 12 juillet 2011
150 000 tonnes (1)… c’est la quantité de fruits et légumes espagnols gaspillés chaque semaine durant la crise allemande E. coli ! On gaspille donc de nos jours, avec ou même sans raison, mais surtout sans vergogne. Au point qu’“il est aujourd’hui plus rentable de réduire le gaspillage de nourriture que d’accroître la production agricole pour nourrir une population mondiale croissante.” C’est du moins ce qu’affirme, selon L’Expansion (2), un récent rapport de la FAO. Et ce n’est pas peu dire ! Un tiers de la production mondiale est perdue ou gaspillée tous les ans dans le monde. Face à ce constat désastreux, le consommateur peut-il lutter activement contre le gaspillage ? Quelle valeur doit être accordée à la nourriture ? Une revue de presse pour ne plus “gaspiller” son temps à chercher des réponses !
L’ “ali-gâchis”
Si les consommateurs français jettent finalement 21% des aliments achetés à la poubelle, selon une récente étude paneuropéenne et d’après La Dépêche (3), c’est aussi que l’on oublie souvent les quantités phénoménales de ressources qui ont été utilisées pour produire cette nourriture en vain ! A cela s’ajoutent, entre autres, les inepties de la réglementation française, qui oblige notamment la grande distribution à jeter systématiquement la nourriture restante. Pour palier à tout cela, de nombreuses initiatives…
En France, un dispositif nommé “L’école des consommateurs” (4, la Voix du Nord) a été initié par le Centre Régional de la consommation du Nord-Pas de Calais afin de “sensibiliser et responsabiliser” les citoyens à des problématiques telles que le gaspillage. De son côté, la Banque Alimentaire du Bas-Rhin, aux dires de l’Alsace (5), innove admirablement “en donnant le pain dur récolté à un transformateur alsacien pour faire de la chapelure”, “en cédant à la SPA la viande périmée, et en aiguillant les légumes pourris sur un biodéconditionneur […] pour en faire du biogaz”. Quant à la marque “Albal”, dédiée à l’emballage et la conservation alimentaire, elle propose aux Français de lutter contre le gaspillage en soutenant justement les banques alimentaires au travers d’une page Facebook baptisée “Save Food”.
Mais ce n’est pas tout ! En Inde, Le journal The Hindu (6) estime que c’est au Gouvernement de donner l’exemple : en plus de lancer des campagnes de sensibilisation, il doit aussi adopter des mesures d’austérité alimentaire. Un conseil de ce journal : que la nourriture non consommée dans les hôtels soit reversée à des œuvres de charité. Dans la même lignée, après l’échec des tentatives de plusieurs restaurateurs visant à réduire les quantités servies, le vice-président de la “Federation of the Malaysian Consumers Association” suggère que les hôtels et restaurants malaisiens commencent à pénaliser les gens qui ne finissent pas leur assiette. Une mesure qui peut faire sourire mais, reste à savoir quelle pénalité mettre en place ? Quoi qu’il arrive, le journal The Star (7) reste persuadé que l’accent doit être mis sur le respect et la valeur de la nourriture !
“Eau secours !”
Et si l’on parlait maintenant de notre consommation d’eau ! “1,3 milliard de mètres cubes d’eau potable sont gaspillés en France chaque année à cause de fuites dans les canalisations collectives” selon Le Figaro (8). Des pertes qui seraient “un indicateur d’alerte sur l’état du réseau de canalisations en France”.
En mars dernier, le magazine 60 millions de Consommateurs et la Fondation France Libertés (Zegreenweb, 9) lançaient, à ce sujet, “l’opération transparence” dans le but de sensibiliser l’opinion publique au gaspillage de l’eau ; avec notamment une journée mondiale de l’eau et une enquête auprès des usagers et des élus pour révéler les prix du service public de l’eau.
Car le problème de l’eau, ce serait surtout son prix faible qui n’incite pas aux économies. Le journal Les Echos (10) relève que les initiatives comme la récupération de l’eau de pluie sont d’ailleurs surtout motivées par des considérations écologiques. Malgré tout, Philippe Seberac, directeur technique industrie chez Veolia Eau estime que “ce qui change actuellement, c’est que l’eau elle-même devient un enjeu”.
Maintes entreprises recyclent désormais leurs eaux usées ou utilisent des eaux de pluie pour les processus de fabrication. Certaines, comme Hydrelis, se spécialisent même dans les systèmes de réduction des consommations de cette ressource. Et les politiques s’y mettent… Le 23 juin 2011, Lyon Mag (11) titrait “La chasse au gaspillage de l’eau est ouverte”. Un article qui explique qu’une “commission mixte de travail” va être mise en place afin de mieux gérer les ressources de l’agglomération lyonnaise.
Alors, l’eau au centre des préoccupations ? Au Qatar (12), des ingénieurs ont réussit à mettre au point une technologie qui enregistre le débit du précieux liquide dans les tuyaux et repère ainsi toutes les fuites potentielles. Ceci devrait permettre une réduction des pertes de l’ordre de 20 à 25%. Singapour a, de son côté, déjà réduit ses déperditions d’eau de 4%, et à Mayotte (13), le Syndicat intercommunal de l’eau et de l’assainissement a décidé de sensibiliser la population grâce à des spots télévisés et radiophoniques.
Nos horizons alimentaires
Concernant l’eau, Vincent Rigal, directeur stratégie marketing chez Hydrelis, déclare que “les politiques environnementales des entreprises vont favoriser à court terme ces efforts de lutte anti-gaspillage. A moyen terme, elles seront secondées par la montée du prix de l’eau”.
Une once d’espoir ! Mais une prise de conscience doit aussi avoir lieu, à un niveau plus global, chez les consommateurs, dans l’agriculture, dans la grande distribution et dans l’industrie afin de modifier foncièrement les pratiques. Sans oublier les élus qui ont tendance négliger le fait que, comme le rappellent les “indignés” belges (14) “celui qui sait, agit”.
Le rapport de la FAO donne d’ailleurs quelques pistes aux dirigeants des pays industrialisés : renforcer la communication et la coopération chez les agriculteurs, favoriser la vente directe des produits de la ferme au consommateur dans les zones rurales, une coopération accrue des organisations commerciales et caritatives et, bien sûr, la prévention du public pour modifier les habitudes du consommateur.
Comment guérir le consommateur prodigue ?
Cerise sur le gâteau : quelques conseils (15, Terrafemina) simples pour recycler vos restes !
- Préparer une liste de courses pour éviter les achats compulsifs.
- Acheter des quantités adaptées et fuir les promotions qui poussent à consommer.
- Faire ses courses plusieurs fois par semaine pour acheter juste ce dont on a besoin.
- Ranger dans les réfrigérateurs les aliments les plus anciens devant, les consommer en priorité et ne pas hésiter à les congeler.
- L’eau de pluie peut être récupérée pour arroser les plantes.
- etc, etc
Sources
- 1) Zegreenweb, 1er juin 2011, Concombres : les autorités espagnoles ripostent
- 2) L’expansion.com, 1er juin 2011, Le gaspillage fait perdre un tiers de la production alimentaire mondiale
- 3) La Dépêche, 28 juin 2011, Les Français gaspillent chacun 90 kg d’aliments par an
- 4) La Voix du Nord, 16 juin 2011, Comment ne pas gaspiller ? Les réponses de l’école des consommateurs
- 5) L’Alsace, 8 juin 2011, La Banque alimentaire chasse le gaspillage
- 6) The Hindu, 23 juin 2011, Government must set an example to check food wastage
- 7) The star on line, 26 juin 2011, Waste not, want not
- 8) Le Figaro, 27 juin 2011, 1,3 md de mètres cubes d’eau gaspillés
- 9) Zegreenweb, 28 juin 2011, Halte au gaspillage de l’eau !
- 10) Les Echos, 8 juin 2011, Sécheresse : les entreprises boivent encore trop
- 11) LyonMag, 23 juin 2011, La chasse au gaspillage de l’eau est ouverte
- 12) The Peninsula, 25 juin 2011, Project to cut water wastage in Qatar
- Mayotte Hebdo, 24 juin 2011, Une campagne imagée pour éviter les gaspillages d’eau
- 14) Mondequibouge.be, 14 juin 2011, "Celui qui sait, agit"
- 15) Terrafemina, 3 juin 2011, Comment éviter le gaspillage alimentaire ?