14/03/2013
La revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 14 mars 2013
Mots-clés: Elevage

Mega-étables : ça débat ferme (article revue de presse)

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On les appelle les "méga-étables", "méga-fermes" ou "étables industrielles". Le développement de ces vastes unités de productions suscite depuis quelques temps déjà de vives controverses dans les pays d’Europe du Nord. Après les Pays-Bas, le débat s’invite aujourd’hui en Allemagne jusque dans la campagne électorale pour les législatives. Portrait d’un débat entre bien-être animal, rentabilité économique, performance écologique, et opposition sociétale, dans cette revue de presse de la Mission Agrobiosciences.

Un développement spectaculaire
A leur propos, on entend les chiffres les plus astronomiques. Ici 3000 vaches, là 2 millions de poulets… Dans le secteur porcin, on parle de méga-étables dès lors que le nombre de truies est supérieur à 1200, le nombre de porcs à l’engraissement dépassant les 7500. C’est donc le gigantisme qui caractérise le mieux ces structures, pierre angulaire de la restructuration massive qu’a connu l’élevage aux Pays-Bas, au Danemark et en Allemagne, ces dix dernières années.
Fortement encouragées par les économistes, ces stratégies d’agrandissement ont principalement été mises en œuvre dans le secteur porcin, afin de « réduire les coûts et d’augmenter le volume produit par unité de capital ou main d’œuvre », rappelle AgraPresse. Loin d’être anecdotique, la concentration comme l’agrandissement des élevages ont été « phénoménaux » analyse Christine Roguet, de l’Institut du porc (citée par AgraPresse).

Au nom du bien-être animal
Mais depuis quelque temps, le développement de ces exploitations se heurte au mur de la contestation sociale. Porté par un parti politique [1] et plusieurs ONG de protection des animaux, le mouvement s’est amorcé aux Pays-Bas, en 2007. La contestation s’est déployée autour de la question du bien-être animal, hautement sensible chez nos voisins du Nord, mais aussi de « la santé animale et humaine, la sécurité sanitaire des aliments, les effets sur le paysage, le voisinage et l’air, les risques pour le modèle d’exploitation familiale » indique Christine Roguet.
Face à l’ampleur du mouvement, fin 2011, le gouvernement néerlandais planchait sur un projet de loi visant à plafonner la taille de ces exploitations, révèle un article Agri-web de l’époque.

Au risque d’une instrumentalisation
Même son de cloche en Allemagne, comme le détaillent les Echos du 12 mars 2013. Cette fois, le débat a été mis sur le tapis par le parti politique les Verts. Comme aux Pays-Bas, la contestation se déploie autour de la question du bien-être animal… et s’invite dans l’arène politique.
L’article explique ainsi qu’aux élections régionales de Basse-Saxe de janvier dernier, les Verts ont « obtenu 13,7% des scrutins », coiffant au passage l’Union chrétienne-démocrate d’Angela Merkel. L’un des axes de la campagne des écolos ? « La mobilisation contre l’élevage de masse », dans le secteur porcin principalement.
Du côté des éleveurs allemands, l’inquiétude monte. Alors qu’en septembre prochain se tiendront les élections législatives, ces derniers craignent que le sujet ne fasse l’objet d’une « surenchère » entre les différents partis. Ripostant à la position des Verts, le parti de la chancelière a d’ores et déjà « promis de durcir la réglementation sur les étables ».

Nouvelles normes dans l’élevage porcin
Celle-ci n’est pourtant pas en reste. Ce 1er janvier 2013 est entrée en vigueur la directive européenne 2008/120/CE relative à la protection des truies. Elle stipule que « les porcs doivent disposer d’un environnement correspondant à leur besoin d’exercice et à leur nature d’animal fouisseur ». Le Point explique : « les truies gestantes doivent désormais vivre en groupe et non plus en cage (…)  » et disposer d’un « espace libre au moins égal à 2,03m ».
L’an passé, dans le cadre de la législation concernant l’élevage des poules pondeuses, les aménagements nécessaires aux mises en conformité des exploitations avaient induit une hausse importante du prix des œufs. « Certains observateurs craignent que le prix de la viande de porc ne suive la même trajectoire » indique le journal.

Le paradoxe des méga-étables
Reste ce paradoxe soulevé par Christine Roguet. Si, initialement, c’est au nom de la rentabilité économique que se sont développées les méga-étables, leur croissance a été favorisée par les réglementations… en matière d’environnement et de bien-être animal. Selon elle, « les contraintes réglementaires accélèrent la concentration et l’agrandissement des élevages ». Voilà qui donne matière à réflexion…

Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 14 mars 2013

Sources :

Agra-presse, Les Echos, Agri-web.eu, Le Point.

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[1Le Parti pour les animaux

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