06/03/2015
Les Actes des 20èmes Controverses européennes de Marciac. 6 mars 2015

En toute franchise... (publication originale)

S.Verdier (cliché V. Brill)

La Mission Agrobiosciences poursuit l’édition des Actes des 20èmes Controverses européennes de Marciac, "Pour des territoires vivants... Faut que ça déménage !". Pour introduire ces journées, elle avait fait appel aux lumières de Gilles Allaire, économiste Inra, et du groupe local de réflexion.
Composé d’agriculteurs, d’enseignants, d’infirmières, de membres de coopérative, résidant dans le Gers et les Hautes-Pyrénées, ce groupe éclectique se réunit à plusieurs reprises pour discuter en amont du sujet et proposer, dès l’ouverture des Controverses, des pistes de réflexion.
C’est un regard critique qu’il porte d’emblée sur ce sujet des territoires. Critique, au regard des nombreux défis à relever et qu’il résume par ces trois mots : exclusion, innovation et obstacles. Une pensée que livre Sylvie Verdier, membre de ce groupe.

Sylvie VERDIER De nombreuses questions ont surgi au sein du groupe de réflexion lorsque nous avons pris connaissance du sujet. Plusieurs mots ont retenu notre attention, à l’instar du terme territoire, dont Gilles Allaire vient de parler très brillamment. Trois autres termes ont marqué les discussions.

Exclusion
Tout d’abord celui d’exclusion, qui peut être entendu de bien des manières. S’agit-il de l’exclusion des territoires ruraux par rapport aux territoires urbains ? Ou du phénomène sociologique d’exclusion des populations de la ville vers le rural, de cette inversion des flux démographiques ?
L’exclusion, c’est aussi le contexte économique, très dur, que connaissent certains de ces territoires et qui contraste fortement avec l’image d’Eplinal que l’on en a. Au sein du groupe, nous avons évoqué ces espaces ruraux qui souffrent et meurent faute de dynamisme tant économique que culturel. Ils subissent de plein fouet l’actuelle concentration des activités agricoles. Ainsi, certains d’entre nous ont ironiquement rappelé que c’est dans les Hautes-Pyrénées que les cessations d’activités laitières sont les plus fortes. Le phénomène de concentration de l’activité agricole fait que la production se densifie ailleurs, dans d’autres départements. A cela s’ajoute l’exclusion des hommes, au sens de l’isolement socio-culturel parfois présent en campagne.

Innovation
Comment dès lors « déménager » les territoires ruraux, comme nous y invite ces 20èmes Controverses européennes ? Qu’est-ce que cela signifie « faire émerger des territoires vivants pour l’avenir » : avoir des territoires muséifiés, pleins d’appellations d’origine et de richesses patrimoniales ? Ce, au risque d’exclure certains producteurs ou certains types de production ?
Par ailleurs, l’avenir des territoires ruraux peut-il réellement s’esquisser au fil de discussions parfois éthérées. Faisant référence au discours médiéval et à la disputation scolastique, où il était surtout question de rhétorique et de logique, nous avons insisté entre nous sur la nécessité d’avoir des débats concrets, en lien avec les problématiques de terrain. C’est à cette condition, nous semble-t-il, que l’on pourra effectivement repérer les leviers. Dans ce cadre, nous nous sommes interrogés sur les moteurs de l’innovation, au travers de nos propres expériences. Deux points méritent attention : d’une part la difficulté d’être des précurseurs et d’autre part, le caractère indispensable de la coopération, comme catalyseur pour initier des dynamiques. Que l’on pense aux CETA, les Centres d’Etudes Techniques Agricoles, ou aux groupes de vulgarisation agricole, des choses existent et fonctionnent.
Reste la question du financement de l’innovation de terrain, la tendance étant plutôt à la baisse des subventions publiques tant en agriculture que dans l’enseignement ou la recherche. Parallèlement, nous avons évoqué l’aspect « gadget » de certaines innovations. Pour l’illustrer, nous avons pris comme exemple le "syndrome du verrat", citant le cas d’un mâle reproducteur à qui le porcher donnait une bûche à ronger pour détourner son agressivité et avoir ainsi tout le loisir de soigner ses attributs… Tout comme cette bûche, certaines innovations constituent une manière de détourner l’attention de dynamiques très engagées.

Obstacles
Nous avons également fait un sort à tous les obstacles – les inerties institutionnelles, les logiques corporatistes ou administratives, etc., et souligné ce paradoxe : finalement, ne participons-nous pas, nous aussi, quelque part, à cette inertie ? Nous sommes tous d’une certaine manière en capacité de nous exprimer et de participer aux décisions, en tant qu’électeur, citoyen, adhérent d’un syndicat, membre d’une chambre d’agriculture, d’une coopérative.
Je citerai un dernier élément qui peut sembler un peu tarte à la crème mais qui est important : les performances et la place de plus en plus forte des nouvelles technologies de la communication. Des outils précieux pour mener des projets vivants sur les territoires, pour trouver des informations, faciliter les échanges. Un exemple parmi d’autres : la mise en place de drive fermier, fonctionnant sur le même principe que ceux mis en place par la grande distribution et proposant à la vente des produits issus des exploitations alentours.

Voici un premier état des lieux de la réflexion que nous avons menée sur le sujet de ces 20èmes Controverses.

Suivez l’édition des actes des 20èmes Controverses européennes de Marciac sur Facebook et Twitter (@Agrobiosciences #ControversesdeMarciac)

Lire aussi, dans le cadre des 20èmes Controverses européennes de Marciac :

Les Controverses européennes de Marciac sont co-organisées par la Mission Agrobiosciences et la Communauté de Communes Bastides et Vallons du Gers, avec le soutien de la Région Midi-Pyrénées, du Conseil général du Gers, et, pour cette 20ème édition, de l’Inra et de la FNCuma. En savoir plus sur le programme des 20ièmes Controverses européennes de Marciac Pour des territoires vivants... Faut que ça déménage !

Accéder aux Actes des précédentes éditions des Controverses européennes de Marciac


L’introduction de Sylvie Verdier, membre du groupe local de réflexion

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